Ce matin à 11 heures cour d'honneur de l'Hôtel de Ville se déroulera la 61ème journée nationale de souvenir de la déportation et de la résistance.
Vous trouverez ci-dessous l'intégralité de ma déclaration :
Lors de la visite du pavillon français de Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 2005 le Président de la République a déclaré :"Agir, aujourd’hui et demain, c’est construire une société dans laquelle cette entreprise, monstrueuse et criminelle, sera simplement impensable", "Nous le faisons, en France, en maintenant fermement l’exigence de mémoire, qui est une exigence de vérité et de responsabilité. C’est dans cet esprit que notre pays a reconnu en 1995 ce que fut la réalité de son histoire. Ce que furent ses responsabilités."
Cette journée commémorative et Nationale de la Déportation et de la Résistance nous permet chaque année de raviver dans nos mémoires endormies par une paix toute relative ce qu’ont vécu nos parents ou grands-parents avec la guerre : les drames, les morts, les souffrances, les humiliations, les séparations, le rationnement.
Il est important que les jeunes générations aient tous les éléments nécessaires pour que chacun d’entre nous n’oublie pas ce qui s’est passé.
Cette journée, c’est aussi l’occasion de se rappeler à la fois de l’ignominie mais aussi de la bravoure de nos concitoyens.
C’est pour cela que nous devons faire perdurer des journées comme celle-ci pour conserver ce devoir de mémoire qui est aussi un devoir de vigilance.
Ignominie, OUI, quand on repense à la constitution des premiers camps dits de « rééducation », très vite devenus camps de concentration puis camps d’extermination.
Et il me semble nécessaire de rappeler que les premiers internés dans les camps nazis étaient d’abord des allemands qui s’opposaient au régime totalitaire mis en place par Hitler, Dachau a ouvert ses portes en 1933.
Ignominie aussi quand on repense à l’organisation nécessaire pour réaliser ici, en France, la déportation.
Les prisons, les casernes, les citadelles, les stades, les sanatoriums et même des châteaux, tout était bon pour parquer ceux qui allaient emprunter dans des conditions inhumaines, dans des wagons à bestiaux prévus pour 40 personnes et où ils étaient parfois entassés jusqu’à 100, debout sans pouvoir s’asseoir, sans pouvoir même faire leurs besoins, des trains en partance vers les camps nazis où ils fallaient travailler, travailler et travailler encore pour l’industrie jusqu’à épuisement, où votre identité vous était retirée, remplacé par un numéro et une étoile ou un triangle de couleur différente en fonction du motif de votre internement.
Ignominie enfin quand certains de nos concitoyens, soit par conviction, soit par intérêts, se sont associés pour faciliter l’occupation et devancer les requêtes criminelles de l’occupant.
Et pour cette journée de la déportation, il convient de n’oublier personne de notre mémoire, ni celles et ceux qui se sont levés et se sont opposés à l’occupation et aux régimes fascistes et qui ont fait acte de résistance, ni celles et ceux qui, dès le départ, ont manifesté politiquement leur opposition, ni celles et ceux qui ont été choisis parce qu’il ne correspondait pas à la ligne ou que l’on jugeait inutile, ceux qui ne faisaient pas partis de la « race dite supérieure » .
C’est en particulier dans notre pays que l’administration a fiché puis envoyé vers les camps plusieurs milliers de juifs sans distinctions de sexe et d’âge, plusieurs milliers d’étrangers anti-fascistes, tziganes, plusieurs milliers d’handicapés rapidement euthanasiés parce que l’administration allemande les trouvaient trop chers à entretenir, plusieurs milliers d’homosexuels, plusieurs milliers d’asociaux, tous bon à travailler ou à être utilisés pour des expériences médicales. Et que parfois aussi certains en ont profité pour mettre dans ces trains des voisins aux biens précieux ou des connaissances amicales ou familiales trop encombrantes qu’on dénonçait lâchement à travers des lettres anonymes afin de s’en débarrasser.
Dure réalité du comportement humain.
Mais aujourd’hui c’est aussi la journée de la résistance. C’est la journée de tous celles et ceux qui, parfois dans l’ombre, ont oeuvré à la reconquête de notre pays, qui ont oeuvré au sabotage des forces ennemies, qui ont oeuvré pour mettre fin aux régimes totalitaires afin que de nouveau chaque citoyen soit libre, digne et vive en démocratie.
Il n’est pas facile d’être résistant, de s’opposer au mal, le mal qui fait peur, le mal qui corrompt, le mal qui surveille, le mal qui fait trahir, le mal qui achète, le mal qui menace, le mal qui tue.
Mais c’est grâce aux résistants, parfois au péril de leur vie, que nous sommes ici aujourd’hui, en France, pays libre et démocratique, puissance mondiale reconnue et locomotive de la paix européenne.
Pour conclure, je m’adresse à eux, celles et ceux qui ont bravé la facilité, leur éventuelle peur, et qui ont décidé de prendre en main leur avenir et celui de leur nation.
Où qu’ils soient, présentement, je suis sûr qu’ils nous entendent, et je leur dis en votre nom et au noms de tous nos compatriotes «MERCI, merci pour ce que vous avez fait, merci pour ce que vous avez été, aucun mot ne pourra exprimer notre fierté, notre humilité et notre reconnaissance pour ce que vous avez entrepris».
Vive la liberté, vive la République et VIVE LA FRANCE !