Décidemment l'information n'est pas ce qui anime de nombreux journalistes et éditorialistes de la presse française.
Depuis des semaines, la presse française s'est adonnée à ses plaisirs : supputer, commenter, amalgamer, accuser...
Dans un pays qui aime son cinéma et la politique, il n'est pas totalement anormal que les journalistes se passionnent pour l'écriture romancée et les scénarios d'espionnage.
A défaut d'informer, les journalistes en manque de sensations prennent un malin plaisir à faire gonfler des "affaires" en oubliant régulièrement l'objectivité qui doit être la leur dans la présentation des faits.
Ce travers est d'autant plus fort que la France en général et les journalistes en particuliers ont une relation passionnée avec les États-Unis et passent son temps à se comparer à notre amie outre-atlantique.
Toutes nos affaires doivent ressembler au Watergate et ce mot"gate" est mis donc à toutes les sauces, ce qui dénote pas d'une grande imagination et surtout on aime tout ce qui peut être un tant soit peu sulfureux quitte à mettre un peu d'huile sur le feu puisqu'il est bien connu qu'il n'y a pas de fumée sans feu...
L'affaire Clearstream 2 (puisqu'il existe une clearstream 1 toujours pas élucidée) se trouve être une grande manipulation visant à déstabiliser la mandature.
Cette péripétie montre une nouvelle fois qu'il n'y a pas en France de présomption d'innocence : la justice n'est pas absolument pas imperméable, le secret de l'instruction est un leurre, les juges qui cherchent et enquêtent sont assistés par une presse qui accuse sans preuve...
De nombreux politiques ont eu leur honneur mis au caniveau pendant des semaines avec comme dédommagement un entrefilet quelques années après faisant référence d'un non-lieu prononcé dans l'intimité d'un tribunal... Parfois cela touche aussi des citoyens sans responsabilités politiques, Outreau par exemple...
La deuxième leçon de Clearstream 2 est la perversité de la presse : en cherchant une classe politique pure et en jetant régulièrement l'opprobre sans preuve sur ceux qui la composent, elle alimente l'anti-parlementarisme, le "tous pourris" qu'elle déclare combattre !
Ce double jeu motivé par la satisfaction d'être à l'origine d'un scoop et le besoin de "vendre" du papier ou de l'image notamment pour trouver des annonceurs devrait depuis longtemps faire réfléchir...
Nicolas Sarkozy avait une fois réclamer que des sanctions pour les juges qui faisaient des fautes professionnelles, pour que chacun soit responsable quelque soit le métier ... A-t-on déjà vu un journaliste licencié parce qu'il aurait abusé de la probité que lui confère la carte tricolore, ou du moins qu'on pense naïvement qu'elle lui confère ?
Les déclarations dans le JDD du général Rondot éclaire cette sombre affaire Clearstream 2 que certains ont bien voulu se voir transformer en boule dans un jeu de quilles.
La motion de censure déposée par le PS et que François Bayrou et l'UDF soutiennent permet, après le CPE, de créer un nuage de fumée devant le vide sidéral des propositions socialistes à un an à peine des échéances. Certains leaders socialistes ont d'ailleurs calmé leurs camarades en rappelant qu'il serait judicieux de respecter le calendrier électoral, inquiets de l'absence totale de préparations du PS et du non choix du candidat parmi la pléthore de prétendants.
Quel le PS qui a été au coeur de vraies affaires pendant les 14 ans de Miterrand et crient au loup aujourd'hui ne manquent pas de sel ! Notons qu'il n'y a jamais eu en 11 ans de Jacques Chirac à l'élysée de bâteau qui coule, de suicidés, de mutuelle étudiante pillée, d'adultères financées par l'état ou ELF, d'écoutes téléphoniques abusives, d'amitiés glauques...
Dans le doute, abstiens-toi, les chiens aboient, les caravanes passent...
Il conviendrait que la presse nous livre des faits avérés sans commentaires ni supputations et je note une fois de plus la combativité du Premier Ministre qui continue à diriger le gouvernement et fera, contre vents et marées, de 2006 une année utile.