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lundi 15 mai 2006

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valeurs actuelles

Le grand refroidissement entre Alger et Paris

Si la raison commande de ne pas mélanger diplomatie et maladie, on est tout de même en droit d’être choqué par le comportement du président algérien… Cet homme a passé plus d’un mois au Val-de-Grâce avant Noël pour être soigné d’un ulcère hémorragique à l’estomac et y est revenu pour subir, nous dit-on, un examen de routine… Très bien.
Mais c’est ce président qui, depuis des mois, marque délibérément ses distances avec la France. Trois jours avant son arrivée à Paris, il s’en est violemment pris à la colonisation française qui a, dit-il, « génocidé notre identité, notre histoire, notre langue, nos traditions… »
Dix jours plus tôt, à Philippe Douste-Blazy venu le visiter à Alger, il a clairement fait savoir que le traité d’amitié franco-algérien auquel l’Élysée tient tant n’était plus à l’ordre du jour (en 2003, il avait pris l’engagement qu’il serait signé avant la fin 2005). Début janvier, il ordonnait la fermeture de quarante-deux écoles francophones (les récalcitrants risquant la prison). Enfin, il vient de faire savoir qu’il ne participera pas au Sommet de la francophonie en septembre.
Le grand refroidissement a commencé pendant l’été 2005, quand Abdelaziz Bouteflika sillonnait le pays en vue du référendum de paix et de réconciliation avec les islamistes, que l’on pourrait qualifier de génocidaires de leur propre peuple : ils ont massacré deux cent mille Algériens ces quinze dernières années.
Mais le président algérien a axé sa campagne contre la France, assimilant la guerre d’Algérie aux crimes nazis. Il a employé le mot “génocide”.
La raison de cette colère : la loi votée à l’Assemblée nationale en février 2005 en faveur des rapatriés et des harkis, plus précisément contre un amendement qui mentionnait le rôle positif de la présence française.


Quand Bouteflika accompagne l’islamisation de son pays

Jacques Chirac a d’abord cru que cette colère passerait une fois le référendum voté. Mais non. Le courroux étant toujours aussi vif, il a décidé d’abroger l’article incriminé. Peine perdue, Abdelaziz Bouteflika en veut toujours plus. Il réclame maintenant la repentance de la France. Les raisons de son intransigeance sont évidemment politiques. En 2003, l’Algérie était demandeuse de reconnaissance internationale et européenne. Le traité d’amitié avec la France présentait, croyait-il, un intérêt évident. Ce n’est plus vrai aujourd’hui…
Avec la flambée pétrolière, l’Algérie a recouvré une compétitivité diplomatique. Elle est devenue une grande puissance qui reçoit Vladimir Poutine avec lequel elle a signé un contrat d’armement, qui se rend en Chine et pour qui Washington déroule le tapis rouge. Les États-Unis, qui lui ont acheté pour 12 milliards de dollars de pétrole en 2005, sont devenus son premier client.
Le ministre des Affaires étrangères algérien, en visite à la Maison-Blanche, a souligné que la France (elle est toujours le premier partenaire de l’Algérie) « n’avait pas le même poids que les États-Unis » qui ont demandé en effet à l’Algérie de siéger à l’Otan et qui pourraient confier à Abdelaziz Bouteflika un rôle de médiateur avec l’Iran sur le dossier brûlant du nucléaire militaire. Dans ces conditions, pourquoi signer un traité d’amitié avec la France, avec un président qui ne sera sans doute plus au pouvoir l’an prochain, un traité dont sa majorité, dominée par des nationalistes du FLN et les islamistes, ne veut pas ?
Le fonds de commerce de cette majorité c’est d’être antioccidentale, et d’abord antifrançaise. Qui en premier a parlé de génocide à propos de la colonisation ? C’est en effet le FLN. Bouteflika n’a fait qu’accompagner le mouvement. Comme il accompagne à grand pas l’islamisation de la société algérienne.


Catherine Nay

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