Le fonctionnement de l'Union européenne (UE) est "préoccupant", a déclaré mardi la ministre française des Affaires européennes, Catherine Colonna, en mettant en garde contre une "dilution" de la construction européenne après les non français et néerlandais de l'an dernier.
L'UE est "atteinte d'une sorte de maladie de langueur, de fatigue généralisée, qui n'augure rien de bon de sa capacité future à répondre aux attentes des peuples si nous ne trouvons pas rapidement les moyens de lui donner une nouvelle impulsion", a-t-elle ajouté dans un discours tranchant avec le ton général des discours diplomatiques.
"Un sursaut beaucoup plus fondamental est nécessaire si l'on veut écarter le risque d'un affaissement de la construction européenne, d'une lente et inexorable dilution", a estimé la ministre.
L'ancienne porte-parole du président Jacques Chirac, nommée juste après le coup de tonnerre du rejet par les Français du traité constitutionnel, a déploré un "processus de décision long".
Elle a donné l'exemple du projet de directive services, dont la première version datait de 2004 et qui ne sera pas transposé (dans les législations nationales, ndlr) "avant 2008".
"L'Union européenne pourra-t-elle continuer longtemps à décider à ce rythme?", a-t-elle demandé, ajoutant: "l'Europe peut-elle même encore prendre des décisions cruciales?"
Elle a regretté que règne désormais "une méfiance quasi-générale vis-à-vis de l?intégration" européenne.
"On constate de même une grande réticence à toute démarche d'harmonisation, qui est pourtant l'une des bases de la construction européenne", a dit la ministre.
Les Européens devraient "relancer l'harmonisation dans un certain nombre de secteurs", a-t-elle plaidé, "en matière d'imposition sur les sociétés, par exemple, ou pour la protection des consommateurs ou la politique sociale".
Mme Colonna a ainsi proposé la mise en place d'"un salaire minimum européen, dont le niveau serait fonction du niveau économique de chaque Etat membre".
"Il faut aussi développer une politique industrielle européenne, fédérer des projets de dimension mondiale, investir massivement dans la recherche et l'innovation", a-t-elle ajouté.
Cet article a été référencé sur LePolitoscope.net
Rédigé par : Le Politoscope | vendredi 22 sep 2006 à 21h25