Je vieillis, certes, ce n'est pas une nouveauté, depuis 35 ans, chaque jour je prends une journée...
Ce qui peut me rassurer c'est que je ne suis pas le seul puisque nous sommes au moins, sur ce point, tous égaux.
Vieillir c'est bien sûr se bonifier, accumuler de l'expérience, être plus sage, garder sa détermination mais avancer autrement, faire plus attention à ce que l'on dit, chercher le consensus et éviter l'affrontement, c'est aussi avoir un autre regard, souvent plus nuancé, sur les événements de la vie et le monde qui vous entoure...
Mais vieillir quand on est comme moi un célibataire, c'est aussi marier ses camarades, arriver dans les soirées entre amis souvent seul alors que tous les autres ont des enfants, se rendre compte que les discussions entre collègues ou amis de même âge ne touchent d'ailleurs que les enfants (que vous n'avez pas encore, vous excluant un peu plus), que vos potes achètent des scénic et des picasso quand vous vous regardez la 207 CC, etc... Le célibat a cela de particulier, sans enfants, pas de rentrées scolaires, pas d'anniversaires, pas toutes ces dates et échéances qui vous rendent compte que le temps passe, inexorablement...
Le pire m'arrive depuis peu...
Si "monsieur" permet d'identifier son interlocuteur et représente une marque de politesse et de respect, j'ai remarqué depuis peu que de plus en plus de jeunes militants UMP me vouvoyaient et m'appelaient "monsieur"...
Pourtant je n'ai pas de cheveux blancs et j'ai perdu du ventre, mais rien n'y fait, je ne me sens pas vieillir, surtout je ne me vois pas vieillir, mais le regard et l'attitude des autres me confirment chaque jour que j'ai réellement passé la barre des 30 ans depuis déjà 5 ans... Je suis encore jeune à 35 ans mais je ne suis plus jeune pour ceux qui ont justement 20 ans... Les années lycée, colo et radio sont loin derrière...
Le temps passe finalement vite, trop vite, et bien que j'essaye de profiter dès que possible de la quiétude de la nature, de me poser, de ne pas être emporter par ce flux régulier d'information et de sollicitations, je trouve que notre société occidentale nous conduit souvent dans une course éfrennée à la productivité, à la rapidité, à la virtualité parfois ou du moins à des relations aussi superficielles qu'artificielles.
Etrange paradoxe que de prendre moins le temps de vivre sereinement que nos arrières-grands parents, de se sentir vieillir à 35 ans alors qu'ils étaient eux-mêmes souvent déjà bien plus usés que nous par leur travail et l'adversité de la vie, de constater que la durée de vie ne cesse de s'alonger et d'avoir pourtant ce sentiment qu'on rate toujours quelque chose parce que justement, de temps on en manque pour faire tout ce que l'on souhaiterait....
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