Dominique de Villepin estime que le président élu Nicolas Sarkozy a "les coudées franches" pour "imprimer sa vision" mais presse son ancien rival de "faire bouger les lignes" politiques, dans un entretien à paraître mercredi dans Le Figaro.
Le Premier ministre, qui doit quitter Matignon la semaine prochaine au terme d'un bail de près de deux ans, se réjouit de la victoire "claire et nette" de son ex-ministre de l'Intérieur en saluant "une campagne d'initiative qui s'est montrée payante".
"La très large victoire (lui) donne les coudées franches pour pouvoir imprimer sa marque et faire avancer les idées qu'il a défendues", analyse-t-il après que M. Sarkozy l'a emporté par 53,06% des voix face à Ségolène Royal.
Mais, insiste M. de Villepin, "plus la dynamique de rassemblement sera large" dans son futur gouvernement, "plus la capacité à mettre en oeuvre cette vision existera". C'est selon lui "l'occasion de faire bouger les lignes sur le plan politique".
"Sa victoire claire et nette lui donne une réelle liberté (...) La contrepartie de cette clarté, c'est la possibilité maintenant d'ouvrir les mains, de tendre les bras et d'appeler au rassemblement", conseille encore M. de Villepin, qui a longtemps été un adversaire résolu de M. Sarkozy. Une façon d'inviter ce dernier à ne pas mener une politique trop à droite.
Alors que le Premier ministre a souvent affirmé que la campagne n'était pas au niveau d'une présidentielle, il estime aujourd'hui qu'elle a "trouvé peu à peu son rythme" et que "Nicolas Sarkozy a su ménager l'équilibre entre la reconnaissance du travail accompli depuis des années et l'aspiration au changement et à la rénovation".
"Ce choix audacieux était le bon: c'est l'un des enseignements de ce scrutin", concède-t-il, affirmant que le temps a permis d'apaiser les différends avec M. Sarkozy en les "rapprochant" sur "un certain nombre de grands sujets de politique intérieure ou étrangère".
Mais le Premier ministre se prévaut aussi d'avoir contribué à la victoire du candidat UMP.
"Les résultats que mon gouvernement a obtenus ont permis de crédibiliser son projet. C'est la première fois qu'une majorité sortante se succède à elle-même depuis 30 ans", insiste-t-il, en mettant en avant "la modernisation de notre pays" et le recul de deux points du chômage.
"J'ai voulu sortir du champ d'action politique traditionnel de la droite (...) Aujourd'hui, nous avons réinvesti le champ social, humanitaire et culturel qui étaient auparavant l'apanage de la gauche", affirme-t-il en y voyant une des clefs du succès face au PS.
M. de Villepin se montre en revanche peu disert sur son avenir: "je tourne une page, je vais en écrire une autre. Je continuerai mes combats à ma place et là où je serai".
"Je n'ai aucun a priori, je ne ferme la porte à rien", pas même à une carrière dans le privé, mais "je n'ai encore fait aucun choix", ajoute-t-il.
"Serein", il confie toutefois que sa tâche de Premier ministre a été rude. "Le miracle de Matignon, c'est de rester vivant" et "l'écriture m'y a aidé".
Il poursuivra d'ailleurs ses écrits, avec une suite aux "Cent Jours" sur Napoléon et la publication de son journal à Matignon, "qui parle de tout sauf de politique".
© 2007 AFP
20Minutes.fr avec AFP, éditions du 08/05/2007 - 20h33
A quand "la rupture ?"
Rédigé par : Maïeul | dimanche 20 mai 2007 à 17h36
la composition du gouvernement montre déjà que la rupture est en marche
Rédigé par : corentin | dimanche 20 mai 2007 à 20h53