de l' AFP
La mise en examen pour "détournement de fonds publics" de Jacques Chirac a déclenché mercredi une avalanche de réactions à l'Assemblée: les chiraquiens s'indignent, les sarkozystes restent plutôt discrets, la gauche choisit de ne pas en rajouter.
Dès l'annonce de la nouvelle à la mi-journée, c'est le très villepiniste, Jean-Pierre Grand qui sonne la charge contre cette "forme d'inquisition politique sans précédent".
"Je crois de moins en moins au hasard", lâche le député de l'Hérault, qui parle de "violence d'Etat" à l'encontre de l'ancien président, un homme grâce à qui "aujourd'hui la France n'est pas en guerre en Irak".
"On veut humilier Jacques Chirac. Ca suffit! trop c'est trop!", tonne-t-il devant les caméras.
Villepinistes et chiraquiens -François Goulard, Christian Jacob, Benoist Apparu, Yves Censi, Georges Tron notamment- sont montés au créneau tout au long de l'après-midi pour exprimer leur "tristesse" et souligner que la mise en examen ne correspond en rien à un "enrichissement personnel".
"Je suis peiné. Nous devons tous respecter l'indépendance de la justice et laisser la justice faire son travail", déclare M. Goulard, un des rares ministres de Jacques Chirac à ne pas avoir soutenu Nicolas Sarkozy durant la campagne.
"Ca va donner l'occasion à Jacques Chirac de s'exprimer sur ce canard qui court depuis un moment et surtout de clarifier les choses", fait valoir un autre ex-ministre Christian Jacob.
Dans le camp sarkozyste, les réactions sont rares et le ton mesuré. On insiste sur "la présomption d'innocence". "On peut saluer le fait qu'un ancien président de la République se soumette à la justice de son pays", déclare Frédéric Lefebvre.
"On est face à un ancien président qui assume, avec le sens des responsabilités. Je trouve ça bien, je trouve ça grand", renchérit la porte-parole de l'UMP, Nadine Morano, observant toutefois que "personne n'est au dessus des lois".
Les propos de François Sauvadet, chef de file des députés NC (ex-UDF ralliés à Sarkozy), sont sobres: "aujourd'hui, il n'est plus dans l'exercice de ses fonctions, il répond de ses actes".
Quelques rares ministres ont réagi dans la cour du Palais-Bourbon à l'issue des questions d'actualité. "Je suis triste et je trouve que pour l'image de la France, c'est quand même tragique qu'un ancien président de la République soit mis en examen", note Christine Boutin (Logement).
Ancienne plume de Jacques Chirac, Christine Albanel (Culture) se dit "attristée", tandis que Xavier Darcos (Education nationale) exprime "amitié et gratitude" à l'ancien président.
A gauche, à quelques exceptions près, c'est la volonté de ne pas en rajouter qui domine: "je ne veux pas faire de polémique inutile. Je fais confiance à la justice", déclare le numéro un PS François Hollande.
"C'est maintenant à la justice de faire son travail", soulignent Jean-Marc Ayrault et André Vallini, président et porte-parole du groupe PS.
Les propos les plus durs sont venus d'Arnaud Montebourg (PS), qui qualifie cette mise en examen de "victoire posthume". "C'est bien tard que de s'en prendre à un homme âgé, qui a des problèmes de santé et qui est retiré de la vie publique", regrette l'ex-avocat, qui a tenté en vain durant des années de faire comparaître M. Chirac.
Cette mise en examen "prouve que la justice est intraitable avec les petits et qu'elle est faible avec les puissants", ironise de son côté le bouillant député Verts Noël Mamère, pour qui cette nouvelle situation "pose problème" pour la présence de M. Chirac au Conseil constitutionnel.
Michael Sawyer AFP/archives ¦ Jacques Chirac à Paris, le 4 septembre 2007 à Paris
© 2007 AFP
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