Je suis 100% d'accord avec le souhait du gouvernement et de l'Assemblée nationale de laisser la possibilité de choisir l'âge de sa retraite tout en repoussant la limite à 70 ans.
3 raisons motivent mon choix :
1-La liberté
Si je comprends le soulagement de certains de partir à la retraite, je comprends aussi l'effroi que la retraite peut provoquer chez d'autres.
Donner la possibilité à chacun de pouvoir choisir le moment de partir à la retraite, en fonction de son envie et de ses moyens, me parrait être une avancée. La retraite ne doit pas être un couperet ni une sanction.
Je me souviens de demandes d'agents municipaux qui souhaitaient travailler plus longtemps soit parce qu'ils avaient des besoins financiers et notamment des enfants étudiants, soit parce qu'ils aimaient leurs métiers et craignaient de s'ennuyer à la retraite. La retraite imposée les a plongés dans de cruelles dépressions et de réelles difficultés économiques...
2-La raison
Personne ne peut contredire une vérité de nos sociétés occidentales modernes : nous vieillissons plus longtemps et en meilleure santé.
Dès lors se pose le problème du financement des retraites par répartition. Plus de retraités, moins de cotisants, nous allons dans le mur. Vous rajoutez des cotisations élevées sur un petit nombre et des pensions dues sur un grand nombre, qui ne cessera d'ailleurs d'augmenter...
Tous les ingrédients de l'explosion sociale sont réunis.
D'un point de vue comptable un salarié cotise plus à la fin de sa carrière qu'un jeune qui commence sa vie professionnelle. Son départ à la retraite le fait passer du statut de cotisant élevé à pensionnaire sans pour autant déclencher un recrutement au poste et salaire équivalent. La vieille rengaine d'embaucher des jeunes pour que les moins jeunes partent à la retraite avait sûrement beaucoup de sens à la mine, un peu moins dans les activités modernes.
Le recul de l'âge de la retraite va aussi, à mon avis, faire changer les mentalités vis à vis des salariés âgés. La France est dans ce domaine très mauvaise élève en Europe.
Des licenciements dès 50 ans et un chômage des + de 55 ans très élevé, la référence des 60 ans repoussée à 70 ans va éviter d'avoir un coup de vieux à 45 ans et donner l'impression qu'on peut quitter le monde du travail à 50 ans sans perte pour tout le monde. Nous avons besoin de la fougue et de l'énergie des jeunes, mais à 60 ans avec l'expérience, on peut tout aussi bien qu'un jeune être dynamique et entreprenant.
Pour certains métiers, la période d'activité est d'autant plus courte comme on finit ses études à 26/28 ans et qu'on trouve le job qui vous convient vers 30/35 ans...
Enfin travailler pour la même entreprise ne signifie pas pour autant travailler dans le même emploi.
Le conducteur de train, par exemple, qui souhaite arrêter de rouler à 55 ans peut très bien se recycler au sein de son entreprise dans des postes de formateur, contrôleur, vendeur, chef de gare. Nous ne sommes pas des machines et il va de soi que certains métiers méritent de donner le meilleur de nous-mêmes, pour autant les entreprises doivent aussi prendre l'habitude d'organiser une politique RH qui ne consiste pas à se débarasser des salariés lorsqu'elles considèrent qu'elles les ont assez pressés comme des citrons...
3-Les faits
Hervé Gattegno, Fabien Roland-Lévy et les services du Point écrivaient dans le point.fr :
Chercheurs, médecins, sociologues, ils soulignent le danger et l’ineptie de la retraite précoce.
À leur tête, le professeur Étienne Baulieu, octogénaire hyperactif qui organise sur ce thème, mardi 4 décembre, un débat public à l’Académie des sciences, avec aussi le cancérologue Maurice Tubiana, 87 ans, ou le chercheur en neurosciences Jean-Didier Vincent, 72 ans. «Les gens qui continuent à travailler vivent plus longtemps et en meilleure santé, martèle le professeur Baulieu, spécialiste du vieillissement. L’impact est aussi positif du point de vue physique que psychique et social. »
Un avis que partage le professeur Françoise Forette, gériatre, qui vient de présider des rencontres parlementaires sur le thème : « 50/70 ans, la transition active ». Avec un « grand témoin », Philippe Bouvard, 78 ans, moteur de l’audience de RTL. Or il y a aujourd’hui 38 % d’actifs dans la tranche 55/64 ans en France, contre 69% en Suède.
Les générations futures apprécieront.
Plus localement je me souviens de ce professeur du Lycée André Malraux qui souhaitaient pouvoir partir à la retraite en juillet afin d'emmener ses élèves jusqu'aux examens et que l'administration a mis en retraite au 31 décembre de l'année en cours. Toutes ses demandes au Rectorat sont restées vaines alors qu'aucun remplaçant n'était disponible le 2 janvier au matin...