L’histoire de cette collection est tellement exceptionnelle, tellement personnelle aussi, que je préfère reprendre les mots de madame Tchawa-Essomba :
« Dès ma plus tendre enfance, j’ai pu observer, sans en comprendre la valeur, le grand respect que ma maman accordait aux œuvres d’art, qu’elle avait reçues de son père en héritage.
J’ai aussi constaté au cours de mes séjours de vacances à la chefferie, que mon grand-père paternel, chef supérieur BANDJA, vouait un culte respectueux à certaines pièces d’objet d’art dont il se parait ou se servait lors de grandes sorties (…). Petit à petit, la curiosité m’a poussée à en savoir d’avantage, en visitant les forges et ateliers d’artisans tant au Cameroun que dans d’autres pays africains et même en Europe, en Asie, ou en Amérique Latine.
Cette passion grandissante m’a amenée à acheter des pièces qui au fil des années ont constitué une importante collection. »
Elle ajoute : « En 1990, j’ai découvert à New York un livre sur le Cameroun et l’Afrique en général qui mentionnait mon grand-père maternel en saluant son génie créateur, lui qui transformait notamment les perles de verre que les colonisateurs distribuaient en échange des esclaves…ma passion s’en est trouvée naturellement décuplée… »
C’est ainsi que la passion pour l’art de son continent est toute entière nourrie de cette histoire africaine de sang et de larmes mais aussi de spiritualité et d’inspiration créative.
On le voit ici, en admirant cette collection vraiment exceptionnelle, l’art africain est très loin de l’exotisme décoratif.
Il y a quelques courtes années la France, grâce à l'initiative de Jacques Chirac, a ouvert son Musée du Quai Branly qui redonne sa vraie place à ces arts qu’on dit premiers. « Premiers » comme au « premier plan », pas comme l’entendaient les colonisateurs par « primitifs ».
Cette noblesse que dégagent ces objets, c’est aussi celle de la démarche de mme Essomba, et c’est donc un honneur d’accueillir sa collection qui vient de loin et de haut dans les valeurs humaines de créativité, de sensibilité, de respect.
(République du 9 février 2009)
Exposition salle Paul Quesvers - jusqu'au 1 mars 2009
Commentaires