Si Jean-Marie Le Pen était l'homme idéal à détester, ce qu'il fallait détester n'était pas l'homme mais ses idées nauséabondes. Avec les mêmes ficelles mais en ayant pris garde de se ranger dans la catégorie "humouristes" et non "hommes politiques", Dieudonné prend la relève pour promouvoir la haine comme combat politique.
Ce changement de catégorie lui permet de faire rire ses auditeurs comme le faisait Le Pen dans ses meetings mais de créer immédiatement un nuage de fumée dès lors qu'on lui fait un quelconque reproche sur ses propos. Tout ce qu'il fait et qu'il dit, c'es pour rire bien entendu...
Dieudonné a remercié vendredi la majorité d'avoir évoqué une éventuelle interdiction de sa liste "antisioniste" aux élections européennes, ce qui, selon l'humoriste, a eu pour effet de le placer "au coeur du débat". Lors d'une conférence de presse pour présenter ses colistiers pour le scrutin du 7 juin, Dieudonné a salué son "attaché de presse" en la personne de Claude Guéant. Le secrétaire général de l'Elysée avait été le premier, dimanche dernier, à évoquer cette interdiction, accusant Dieudonné de faire "profession de foi exclusive d'antisémitisme".
Dieudonné a récemment invité la presse à une réunion de présentation de ses candidats aux élections européennes.
D'Europe on en parle guère puisque le seul sujet est Israël qui, comme chacun sait, n'est pas en Europe... Là où vous voyez que Dieudonné est un bon adepte de la dialectique est dans sa réfutation d'antisémitisme; antisémite, non, antisioniste, oui... Je ne suis pas sûr que parmi ses soutiens tout le monde fasse réellement la différence... Ce qui est sûr est que dans les deux cas c'est bien la haine qui anime son action.
Après l'introduction de leur leader, une vingtaine de personnes d'horizons extrêmement divers se sont présentées comme les candidats "antisionistes" d'une liste qui devrait être présente en Ile-de-France seulement.
Alain Soral, ancien militant communiste passé par le Front national, et Yahia Gouasmi, fondateur du Parti antisioniste, figurent parmi les colistiers de Dieudonné, où l'on trouve également une militante pro-Chavez, un militant "de la paix et de l'amour", un "nationaliste catholique" et un dirigeant du Front national de la jeunesse (FNJ). Tout en se défendant d'antisémitisme, Dieudonné et Alain Soral s'en sont pris exclusivement à des personnalités juives comme Edouard de Rothschild, président du conseil de surveillance du journal Libération, ou le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. Une jeune femme voilée de blanc se présentant comme "Nadia, 31 ans, assistante administrative" a dit sa fierté d'être "sur cette liste antisémite" provoquant une réaction du service d'ordre qui a voulu lui redonner la parole afin qu'elle dissipe toute "ambiguïté".
Un journaliste a demandé à Dieudonné quel programme concret il entendait défendre pendant la campagne. "Nous réclamer des solutions à tout aujourd'hui me paraît un peu prématuré", a-t-il dit. Pour Alain Soral, les élections européennes "ne servent pas à grand chose", le Parlement européen n'est qu'une "chambre d'enregistrement" et la campagne est simplement une "tribune" pour lutter contre le "puissant lobby sioniste".
Autant dire que la bête n'est pas morte ...
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