Comme chaque année nous nous réunissons pour célébrer l’appel du 18 juin.
Cet appel est un souvenir impérissable de ce qu’était le Général de Gaulle et de ses principes simples qui étaient qu’aucune paix, aucune coopération, aucun ordre international ne peut reposer que sur les nations.
À l’heure du danger, les textes s’envolent. Reste seul un instinct élémentaire: l’instinct national.
Bâtir en dehors des nations ou contre elles, c’est bâtir sur des sables mouvants. Une nation n’est pas seulement un ensemble de consommateurs. Une nation a une âme, qui n’est identique à aucune autre. Elle a sa personnalité, qu’il faut respecter et encourager.
Une passion: la France.
De Gaulle est intransigeant chaque fois que l’intérêt historique de la France est en jeu.
La France n’est elle-même que dans la volonté inflexible de tenir son rôle dans le concert des nations — au tout premier rang. C’est-à-dire un rôle humain, à portée universelle. Les institutions découlent de cette passion. Le président élu par les Français est leur responsable suprême par délégation du peuple souverain, l’incarnation de la personnalité française.
Combien de Français perçurent l’Appel du 18 juin ?
Lorsque le destin fait entendre sa voix par la bouche d’un homme qui a pris ses résolutions une fois pour toutes, peu importe le retentissement immédiat de son premier message. Un martèlement obstiné eut raison de la condamnation par Vichy, comme du scepticisme universel.
Rien n’ébranla la foi de ce titan, dans son exil presque solitaire. Cette bouteille à la mer n’est pas un appel au secours: c’est un acte de baptême. La France libre est déjà née dans les cœurs qui ne se sont pas résignés. Elle ne peut porter désormais qu’un nom: de Gaulle.
On n’avait jamais vu en France qu’un acte de rébellion pût marquer le comble du patriotisme. L’Appel du 18 juin était illégal. Mais, au-dessus des lois, il se fondait sur la légitimité nationale et républicaine.
Désobéir aux lois, c’était obéir à l’Histoire. La légalité sans légitimité devenait lettre morte.
Le gouvernement de l’Etat français, issu de la capitulation, n’avait plus que les apparences de la souveraineté.
Il fallait retrouver celle-ci dans l’union contre l’occupant. Il ne s’agissait de rien de moins que de réparer, en quatre ans de guerre clandestine, cent cinquante années de luttes intestines — notre éternelle guerre franco-française.
Page d’histoire jaunie par le temps?
L’Appel n’appartient pas au seul passé. Il garde sa force. D’exigence. De lucidité. De vrai amour de la patrie, seul capable de rassembler, sans exclusive partisane, une nation blessée.
De Gaulle se tenait donc au-dessus des partis. Il fusionnait dans sa personne les valeurs de la gauche et de la droite.
Le rebelle : la résistance à l’ordre établi, aux idées reçues, à la fatalité, à l’abandon; la générosité, l’affirmation de la dignité des humbles.
Le patriote: le respect de la patrie et des vertus qui ont fait sa grandeur.
C’est à tous les Français et surtout aux jeunes, qu’il a donné ce jour-là rendez-vous avec l’Histoire ; c’est souhaiter d’autres rendez-vous avec elle que commémorer ce message inoubliable.
De Gaulle avait raison parce qu’il avait foi dans la France, dans son inépuisable capacité de redressement et de jouvence. Il n’est pas indifférent que la première manifestation publique de soutien à de Gaulle ait été le fait d’étudiants, le 11 novembre 1940. Ni que les plus ardents des Français libres en aient été les Cadets. Ils étaient de la même race que les jeunes de Bucarest ou de Pékin. Ce sont les jeunes de demain, comme ceux d’hier, qui reprendront le flambeau tombé des mains de leurs aînés.
Le flambeau du rebelle et du patriote.
Le gaullisme de guerre porte témoignage d’une unité réalisée au-dessus des partis pour libérer la France déchirée par l’occupant nazi. Le gaullisme politique a pour vocation de ressusciter le rassemblement des Français autour d’une certaine idée de la France »
Mémoire vivante d’un côté, espoir de l’autre.
Le gaullisme fut une page de l’histoire de France, l’une des plus fortes, écrite par la volonté et la foi, au milieu d’un chapitre de douleurs. Le gaullisme est aussi un rendez-vous avec l’avenir.
En de Gaulle, il y avait à la fois du patriarche et du prophète. Chacune de ses actions importantes prolongeait une courbe de l’histoire nationale. Derrière ses décisions, on pouvait percevoir la rumeur des siècles, La France libre, la décolonisation, l’Europe des nations, la dissuasion nucléaire, l’indépendance, la souveraineté populaire exprimée par le référendum et l’élection présidentielle, la coopération avec les anciennes colonies... Un quart de siècle plus tard, ses adversaires se réclament de lui.
Cela aussi, il l’avait prévu, non sans humour: « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste. »
Le gaullisme continue d’incarner la foi dans la patrie, l’élévation des
Français au-dessus de leurs querelles et le refus des fatalités.
En célébrant le 18 juin, la France affirme son refus de la résignation et ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, elle rappelle aussi à chacun que notre avenir commun dépend de notre engagement personnel, de notre implication à porter notre histoire, à refuser toute forme de dictature, d’occupation et de lâcheté.
Le 18 juin, c’est la rébellion à un ordre imposé, l’obéissance à un ordre choisi.
Avec les risques et les sacrifices implicites, consciemment acceptés.
Peut-être faut-il reconnaître là deux traits constitutifs, venus du fond de l’histoire nationale et dont la conjonction a fait l’essentiel du tempérament français; d’une part, la tendance gauloise à l’insoumission, d’autre part la vocation romaine à la rigueur civique.
Ces deux pulsions, ces deux influx innervent la France au long des siècles, et reparaissent avec évidence en chaque période de drame. Séparés, ils produisent, l’un la division et l’anarchie, l’autre l’appétit de la dictature. Combinés, ils font les Français exemplaires. Généralement, il faut un homme, un conducteur pour opérer, et d’abord dans sa propre nature cette étrange fusion d’éther et d’acier.
Ce que les Français libres avaient en commun, c’était une hérédité de civilisation.
Le refus sans espérance est vain, comme est stérile l’espérance sans action. Le premier geste du gaullisme fut un refus, mais ce fut aussi un appel. La morale gaulliste s’est faite en marchant. Elle est la morale des épreuves.
Croyez-vous qu’elle serait devenue si célèbre, la « certaine idée de la
France », et qu’elle aurait été si efficace, si elle n’impliquait pas une certaine idée de l’homme
Merci au Général de Gaulle d’avoir été celui a osé.
Vive la République et Vive la France.