Aujourd'hui cérémonie pour le 65ème anniversaire de la libération de Montereau :
11h Monument aux Morts
puis défilé rue Jean Jaurès
11h30 Hôtel de Ville
Ce sera dans la cour d'honneur de l'Hôtel de Ville que je prononcerai mon discours que vous trouverez ci-dessous :
Comme chaque année, c’est toujours avec beaucoup d’émotion que nous nous retrouvons en cette fin du mois d’août pour nous souvenir des actes d’abnégation commis par celles et ceux qui ont refusé de subir l'asservissement imposé par les forces nazies venues occuper nos villes et nos campagnes.
Certains d’entre eux ont payé un lourd tribut à cette lutte de chaque instant et ont perdu jusqu’à leurs vies, leur volonté de vivre en liberté.
Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, c’est un effort particulier d’imagination que de se remémorer la vie de notre commune et de ses habitants sous les affres et les souffrances de l’occupation, ces bombardements, ce rationnement, cette vie éprouvante où l’on voit partir au front ou dans les camps de travail son mari, son fiancé, son père, ses frères, ses meilleurs amis.
A l’occasion de ce 65ème anniversaire de « Montereau libéré », c’est avec les plus grand respect et humilité que nous devons rendre un nouvel hommage à nos concitoyens qui ont du faire face pendant des années à l’ennemi, visible, qui était l’occupant nazi mais aussi à des ennemis plus fourbes qu’étaient les collaborateurs.
Comment imaginer que ses voisins, que ceux que l’on croyait être ses amis, parfois des membres de sa propre famille puissent vous dénoncer, puissent participer à des actions de police politique, à des actions de torture ?
Et puis, il y avait d’autres ennemis à combattre. Des ennemis plus personnels.
Celui de la résignation, celui du renoncement, celui de la peur au ventre, celui de la méfiance qui s’installe à chaque instant, à chaque action, à chaque endroit.
Être résistant n’est pas un acte banal, bien au contraire, c’est un acte exceptionnel et unique.
Agir pour ne pas subir.
Agir là ou d’autres tournent la tête par facilité, par lâcheté ou tout simplement par dépit.
Agir parce qu’on refuse catégoriquement d’être l’objet d’un système basé sur le mépris et l’oppression.
Agir, en sachant que sa propre vie est en jeu, mais agir parce qu’il n’est pas concevable pour soi comme pour les autres d’être finalement « prisonnier vivant » de l’enfer.
Et c’est pour cela que nous n’avons pas de mal à imaginer ce qu’a pu être la libération, ce moment de délivrance, ce moment incroyable où tous les espoirs, où toutes les espérances sont devenus de nouveau possible pour tous, où de nouveau toutes les énergies humaines ont été mobilisées pour l’avenir et le bien et non pour détruire et faire le mal.
Merci à eux pour leurs actions et leur engagement qui devraient nous servir encore aujourd’hui dans notre vie contemporaine comme une référence.
Qu’ils soient anglais, américains, canadiens, ils ont participé avec bravoure à la délivrance de notre pays en général et à la libération de Montereau en particulier.
Nous ne pouvons pas oublier aussi tous ceux qui venaient des territoires français d’Afrique centrale et d’Afrique du Nord et ont contribué au sein de l’armée française par leur courage à de nombreuses victoires contre l’ennemi.
Une partie de ces hommes, souvent jeunes, sont morts de leur engagement pour la liberté.
Ils ne se sont pas posés très longtemps de questions existentielles quand il a fallu quitter leur Colorado, leur Montana, leur Floride, leur Québec, leur Angleterre ou leur Ecosse pour venir délivrer la France et tous les autres pays occupés et victimes de la barbarie Hitlérienne.
Aucun mot ne sera jamais assez fort pour remercier celles et ceux qui ont quitté leur foyer, ont parcouru des milliers de kilomètres pour se rendre dans des pays inconnus et ont contribué, parfois au péril de leurs propres vies, à ce dernier combat salvateur qui a permis de mettre un terme à la lutte incessante initiée par les résistants français depuis tant d’années.
Que croyez-vous qu’ils pensaient ces soldats, passant des heures enfermés en pleine nuit dans des bateaux qui n’avaient pas le confort des paquebots arrivés sur les plages de Normandie accueillis par une pluie de plomb par l’armée allemande, voyant leurs camarades tomber dans l’eau, condamnés eux-mêmes à avancer vaille que vaille en direction des tireurs ennemis dans un bruit incessant et insupportable pour reconquérir cette terre qui n’était pas la leur ? N’est-ce pas cela la bravoure et l’abnégation que j’évoquais ? N’est-ce pas cela le don de soi pour des valeurs qu’on considère supérieures à sa propre existence mais peut-on exister pleinement sans être capable de pouvoir donner son existence à ses valeurs ?
Merci à ces milliers d’engagés et de résistants qui chaque jour multipliaient les sorties, les embuscades, menaient des opérations de renseignements, attaquaient les convois et les détachements, coupaient les voies ferrées, faisaient sauter les ponts, paralysaient sur une vaste échelle les monuments ennemis.
Ils appliquaient la tactique de la guérilla, rompant ici pour reparaître ailleurs, harcelant, sabotant, détruisant, attaquant sans répit, portant de rudes coups à l’ennemi, fixant ou retardant les colonnes allemandes de renfort.
Merci à tous ces hommes et ces femmes.
Le Général de Gaulle disait qu’il n’y avait « qu’une seule fatalité, celle des peuples qui n’ont pas assez de force pour tenir debout et qui se couchent pour mourir. Le destin d’une nation se gagne chaque jour contre les causes internes et externes de destruction ».
L’an dernier, je faisais référence à nos militaires disparus sur le champ d’honneur en Afghanistan.
Aujourd’hui encore je dédie cette cérémonie à leur mémoire.
La liberté est fragile.
Tant que sur le moindre espace de notre terre des hommes sont décidés à faire la guerre, sont décidés à opprimer d’autres hommes, d’autres femmes, sont décidés à commettre des actes de barbarie, tant que sur le moindre espace de notre terre des hommes ont pour projet de nuire à notre liberté, nous devons agir pour les neutraliser.
Ne rien faire, penser ou laisser penser que cela ne nous concerne pas parce que loin de chez nous ne ferait que les encourager à s’étendre et accroîtrait leur capacité de déstabilisation et de destruction de ce que nous sommes et des valeurs qui sont les nôtres.
Nous devons lutter sans état d’âme et sans répit contre les ennemies de la Liberté.
La meilleure façon de commémorer la mémoire de ceux qui sont morts pendant la guerre 39/45 c’est d’affirmer aujourd’hui comme eux l’ont fait que nous serons intransigeants vis-à-vis de ceux qui veulent nous asservir, qui veulent nous imposer leur façon de penser, anéantir nos traditions, éliminer notre culture.
Nous devons leur montrer que les Français seront solidaires, d’abord entre eux mais aussi avec tous les autres peuples qui partagent le même idéal de liberté, d’égalité et de fraternité.
Vive la paix et la liberté, Vive les soldats de la liberté, Vive Montereau et Vive la France
J'adore cette photo. C'est quelle rue ?
J'apprécie les drapeaux de nos alliés dans la cour de la mairie, aussi.
Rédigé par : JM MUYL | dimanche 23 août 2009 à 20h20