Le premier tome des Mémoires de Jacques Chirac sort enfin ce jeudi. Intitulé Chaque pas doit être un but (Editions du NIL), tiré à 230.000 exemplaires, cet ouvrage retrace le parcours de l'ancien président de sa naissance en 1932 à son accession à l'Elysée en 1995. De l’avis de tous, Jacques Chirac, d’un naturel discret, se lâche dans ce livre. Co-écrit avec l'historien Jean-Luc Barré, l'ouvrage relate ses premiers pas en politique et s'achève sur son accession à la présidence de la République, en 1995. L’occasion d’évoquer ses rapports avec Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ou encore Edouard Balladur.
"Je n’ai aucune intention de sortir quelque griffes que ce soit. J’ai simplement l’intention d’apporter un témoignage (…), d’apporter ma propre vision des choses. C’était cela mon ambition", a expliqué Jacques Chirac au sujet de cet ouvrage sur l'antenne d'Europe 1 jeudi matin.
Concernant sa relation avec Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac évoque une "communication toujours difficile, avant de devenir quasi impossible à la fin de son septennat, tant [il a] eu du mal à comprendre ses réactions, ses façons d’être et sa psychologie". Revenant sur ses années de premier ministre de VGE (1974-1976), Jacques Chirac explique : "J’étais à peine consulté sur le choix des ministres. J’apprenais par la presse et la radio des décisions importantes".
Au sujet d’Edouard Balladur, que Jacques Chirac qualifie de "calculateur froid au raffinement acéré", l’ancien président écrit : "Nous étions aux antipodes l’un de l’autre". Et dévoile que l'ancien premier ministre avait proposé un débat à Jacques Chirac juste avant le premier tour de la présidentielle en 1995, que ce dernier déclina : "Nous n’aurons jamais d’opposition d’homme à homme".
Nicolas Sarkozy, qui devrait être plus longuement évoqué lors de la parution, prévue en 2010, du second tome des Mémoires, n’est pas épargné. Lorsque celui qui était alors ministre du Budget annonce à Jacques Chirac qu’il soutiendra Edouard Balladur en 1995, "cela ne m’a pas laissé indifférent", confesse l’ancien président, qui parle de Nicolas Sarkozy comme d’un homme "nerveux, empressé, avide d’agir, et se distinguant par un indéniable sens de la communication".
François Mitterrand a droit, lui, à un hommage appuyé. "L’homme que je découvre au fil de nos entretiens [entre 1986 et 1988, lors de la cohabitation] m’apparaît d’une finesse de jugement et d’une intelligence tactique que j’ai rarement rencontrées dans le monde politique. 'Salut l’artiste' m’est-il arrivé de penser en assistant à quelques-unes de ses prestations", écrit-il.
Enfin, et c'est l'aspect le plus surprenant de son livre, Jacques Chirac n'hésite pas à aborder des sujets plus personnels. L’ancien président va jusqu’à évoquer son dépucelage à Alger. Il raconte également une souffrance intime : la maladie de sa fille aînée, Laurence, anorexique et qui a tenté de se suicider. Sa femme Bernadette, dont il se sent "indissociable", a droit à ses louanges : "Bernadette a son franc-parler et ses opinions peuvent être tranchantes, parfois trop à mon goût, surtout quand elles me concernent. Mais ses avis, ses conseils, ses critiques m'ont souvent éclairé". Enfin, quelques lignes son consacrées à sa propre déprime. L'ancien chef de l'Etat confie avoir consulté un médecin pour vérifier qu’il ne souffrait pas de dépression au lendemain de son échec à la présidentielle de 1988.
Le livre était déjà en vente mercredi en Corrèze, à Ussel, dans le fief de l'ex-président de la République, là où il s’est fait élire pour la première fois en 1967. Ici, on veut autant acheter le livre pour son contenu que pour l’homme. Il sort ce jeudi dans toutes les librairies. (Source Europe 1)
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