Le 25 juin 2006 (5 ans déjà ...), j'écrivais ici mon sentiment sur le mariage homosexuel et l'homoparentalité. Ce jour, les parlementaires vont en débattre.
Yves Jégo s'est prononcé favorablement à cette idée et vous pouvez retrouver ici son intervention sur LCI ce matin: http://www.wat.tv/video/yves-jego-votera-oui-proposition-3skpj_2exyh_.html
Pour ceux qui avait raté ma note du 25 juin 2006, je republie ci-dessous l'intégralité de mon texte :
Il y a plusieurs mois j'avais mis dans dans ce blog un sondage que l'on peut encore retrouver dans ma page "à propos" sur l'homoparentalité.
Les réponses (qui ne reposent pas sur un panel représentatif) ont été très claires puisque 64 % des votants étaient favorables à l'adoption d'un enfant par un homosexuel célibataire de + de 35 ans, 63% favorables à l'adoption par un couple homosexuel et 77 % étaient favorables à "ne rien faire" vis à vis des cas existants, 9 % laissant l'enfant au parent non-homosexuel et 9% souhaitant interdire tout contact du parent homosexuel avec son enfant.
Le débat sur le PACS n'était qu'un avant-goût de revendications anciennes : celle de l'homoparentalité et du mariage entre personnes de même sexe.
Ne nous cachons pas la face, il s'agit d'une évolution fondamentale de la société qui est demandée par une minorité de nos concitoyens.
Les mariages religieux puis républicain sont basés sur l'union de deux personnes de sexes différents où l'objectif annoncé est de fonder une famille, acte possible compte tenu du principe que la relation sexuelle joue son rôle basique : reproduire l'espèce humaine.
Le mariage, pierre fondatrice de la famille, se symbolise d'ailleurs par la délivrance à la fin de la cérémonie du mariage du livret de famille au couple. Mais le mariage permet aussi de protéger les époux, d'organiser par des textes les droits et devoirs des contractants.
C'est un contrat qui organise aussi bien ceux qui se marient que le reste de la société qui se voit imposer les mêmes règles notamment l'article 212 faisant référence à la fidélité !
Le mariage repose donc essentiellement sur la volonté plus ou moins spontanée de deux adultes de se plier à des règles dictées avant tout par un contrat moral qui les lie. A noter que la morale républicaine s'est un peu affranchie de la morale religieuse puisqu'elle a admis le divorce...
Or la France est un pays laïc et le mariage peut aussi ne pas avoir pour finalité la fondation d'une famille.
Des couples mariés n'ont pas d'enfants par choix ou malheureusement par impossibilité d'en avoir et cela n'affecte en rien la solidité de l'union. J'ai notamment marié des personnes de plus de 70 ans qui étaient veufs.Ils ne comptaient pas avoir de nouveaux enfants...
Reste ce concept d'avoir un enfant qui peut être le sien sans le "faire" soi-même par l'acte sexuel...
Comme la pilule ou l'IGV qui ont permis de libérer les femmes de lamaternité qu'elles ne voulaient pas, l'homoparentalité doit permettre à un couple de même sexe de pouvoir élever un enfant sans avoir commis un acte sexuel en ce sens et ainsi se libérer d'une "contrainte". Société de consommation, quand tu nous tiens....
Après le bébé quand je veux, nous sommes au stade du bébé sans effort (sauf pour la femme dans l'attente de procréation excluant le besoin du corps humain, ne désespérons pas de la science médicale...) et sans contact.
Certains diront alors que la sexualité homosexuelle n'est pas basée sur la volonté basique de reproduire mais sur une volonté d'éprouver du plaisir, d'en faire éprouver à son ou sa partenaire. Et alors ?
On peut s'étonner qu'un homme ne souhaite pas avoir de rapport sexuel avec une femme et réciproquement mais cela doit-il les empêcher de pouvoir élever un enfant ? L'acte sexuel reproducteur est-il un préalable indispensable qui fera de vous un parent excellent ? Je ne le pense pas.
D'ailleurs, pour moi, un parent n'est pas forcément un géniteur. Les parents sont ceux qui élèvent l'enfant et s'en occupent quotidiennement pas ceux qui le font, parfois par hasard, à travers un acte sexuel ...
Dans les faits, il y a bien différence entre un géniteur et un parent, le premier ayant pu contribuer à la vie de l'enfant qu'à travers l'acte sexuel, le second assumant l'éducation quotidienne. Comment peut-on appelé "papa" un individu qui vous a consacré parfois moins de 10 minutes de son existence et ce, dans le cadre d'une relation sexuelle parfois sans sentiment ! Il en est de même de la femme qui vous a porté et qui vous abandonne à la naissance...
Mais au delà de ces considérations, les questions essentielles que nous denons nous peser sur l'homoparentalité sont :
un enfant trouvera-t-il sa place, ses repères, sera-t-il heureux ou malheureux, sera-t-il pertubé dans une famille fondée par un couple homosexuel ?
Comme le soulignait le ministre Philippe BAS : "aujourd'hui, en France, des enfants sont, de fait, élevés par des couples homosexuels. Il est essentiel que l'on ne stigmatise pas ces enfants, ni ceux qui les élèvent."
A mon avis l'enfant évolue en fonction de son environnement et il est très présomptueux de penser que la structure familiale agit seule à cette évolution et à la construction de l'identité notamment au moment de l'adolescence.
Depuis quelques décennies, les familles monoparentales dues aux divorces n'ont jamais été aussi nombreuses, les femmes seules (non mariées) avec enfant(s) parfois dès le plus jeune âge aussi, les familles recomposées deviennent des classiques.
Par ailleurs, l'exigeance de deux personnes de sexe différent composant le couple de ses parents est il vraiment voulu par l'enfant lorsque son père ou sa mère est violent ? alcoolique ? absent ? grossier et indifférent ?
Ce sont des réalités, qu'on les apprécie ou pas.
A mon avis, un enfant risque bien plus d'être malheureux quand il est balotté d'une famille à une autre, quand il voit son parent instable psychologiquement ou sentimentalement, quand il doit subir les conjoints successifs de son mono-parent, quand il est rejeté par l'un voire ses deux parents que lorsqu'il grandit dans un foyer, même homosexuel, où règnent la stabilité, le respect et l'amour.
L'enfant a d'abord besoin qu'on l'aime et qu'on s' intéresse à lui, sa vie, sa scolarité.
Force est de constater que personne n'a à l'esprit de retirer de leurs parents ayant changé leur mode de vie et leur conjoint à l'occasion d'une nouvelle ou enfin acceptée orientation sexuelle, les 100.000 enfants actuellement élevés par des foyers homosexuels !
C'est à mon avis de ce postulat qu'il faut partir. En quoi pouvons nous interdire l'adoption d'enfant à un couple homosexuel dès lors que dans les faits des enfants sont (bien) élevés par des parents homosexuels ? Qui plus est, un enfant est-il plus heureux dans un foyer familial où il aura sa place que dans un foyer de la DDASS où il ne sera qu'un parmi d'autres...
Par ailleurs, il est d'usage de caricaturer les homosexuels par des raccourcis comme la gay pride par exemple. Mais est-ce vraiment un jeune de 20 ans qui a décidé de "profiter de sa jeunesse" dans le marais parisien qui va demander à adopter ???
Au dernier pays soviétique que je connaisse, la France, une adoption ne se fait pas en 5 minutes et une signature, et je ne doute pas que les enquêtes de moralité se succèdent avant de confier un enfant à ses parents adoptifs.
Dès lors que le parcours du combattant sera entrepris, on peut penser que la motivation des pétitionnaires est présente et le respect de l'article 371.1 du code civil présent dans la tête de(s) l'adoptant(s).
A titre personnel, je suis donc favorable à l'adoption par un homosexuel célibataire, ou par un couple d'homosexuels, qu'ils soient homme(s) ou femme(s).
Faut-il accorder aux homosexuels la possibilité de se marier ?
Dès lors où des homosexuels exercent l'autorité parentale, comme c'est aujourd'hui le cas dans notre pays, cela doit bien entendu s'organiser dans le cadre de textes législatifs qui rapellent à tous, parents et enfants, les devoirs et obligations ainsi que les droits.
Notre code civil, rédigé d'ailleurs en grande partie par un homosexuel, doit être donc amendé dans ce sens et mettre fin à ce PACS bancal qui sert plus les intérêts des fonctionnaires qui veulent muter que de protéger équitablement les deux contractants.
Faut-il distinguer linguistiquement le mariage hétérosexuel d'une union homosexuelle comme le préconisait l'Abbé Pierre ?
Pourquoi pas si cela peut décrisper les plus réfractaires.
Nous ponvons très bien envisager "une concorde" entre deux personnes de même sexe célébrée publiquement en mairie et permettant aux deux conjoints d'être ainsi réunis pour un projet commun qui peut inclure ou non l'adoption.
Mais dans l'intérêt de l'enfant et de ceux qui ont fait le choix de s'unir, il me parait important de prévoir les risques qui surviendraient en cas de disparition d'un des deux conjoints et c'est bien pour cela que je suis favorable au mariage homosexuel.
Ces débats, dits de société, nous divisent souvent non pas en fonction de nos appartenances politiques mais en fonction de nos vies, de nos passés, de nos héritages familiaux, d'hypocrisies historiques qui se transmettent de générations en générations et qui permettent à une poignée d'individus d'asseoir leur pouvoir par la police de la pensée.
La liberté, l'égalité et la fraternité passent aussi par l'acceptation du monde tel qu'il est et non pas tel qu'on souhaiterait le voir, par le respect de chaque citoyen dans son choix de vie dès lors que lui-même est respectueux des choix des autres.
Soulevons le voile de l'hypocrisie...
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