Je trouve grave et choquante la violence vécue quotidiennement par des femmes et des hommes dans l'intimité de leur foyer et de leur couple.
La violence conjugale doit être combattue et c'est avec satisfaction que j'ai appris la décision de justice rendue par la cour d'assises du Nord qui a suivi des réquisitions atypiques de l'avocat général en acquittant vendredi Alexandra Lange, une femme battue de 32 ans qui avait tué son mari, en 2009 à Douai, lors d'une dispute conjugale, un "arrêt qui marquera", selon ses avocates.
Dans un réquisitoire de plus d'une heure, vendredi matin, ce dernier avait imploré la cour d'"acquitter" Alexandra Lange parce qu'elle "n'a rien à faire dans cette salle d'assises". "Ce procès vous dépasse", avait lancé l'avocat général à l'accusée, "parce que, derrière, il y a toutes ces femmes qui vivent ce que vous avez vécu (...), le bruit de ces pas qui montent l'escalier et qui nous font comprendre chaque soir que quand il rentre du travail (...) le danger rentre à la maison".
Lors de ce procès, la défense comme l'accusation ont relevé l'"inaction" des autorités. "Elle a essayé de partir, a tenté de déposer une plainte. Elle n'a pas été beaucoup aidée, ni par les services de police, malgré les instructions du parquet, ni par les services sociaux", a rappelé dans sa plaidoirie Me Bonaggiunta. "Quelle crédibilité aurait cette cour d'assises si (on) la condamnait alors que la société ne l'a pas protégée quand elle est allée au commissariat" déposer plainte, avait questionné l'avocat général.
Onze ans de "calvaire"
Tout au long de ce procès, c'est le "silence" qui aura pesé dans la salle de la cour d'assises. Celui d'Alexandra Lange, fait "de souffrance, de douleur, de cris, d'horreur, de colère, d'innocence", selon l'avocat général, quand elle raconte, souvent par monosyllabes, tête baissée et yeux remplis de larmes les onze années de "calvaire" passées auprès de son mari alcoolique et violent, de quatorze ans son aîné. Alexandra Lange "croyait au conte de fées" et a reçu "très vite la première gifle, les premières humiliations, (...) puis les coups de pied, de poing, les viols", a décrit Me Bonaggiunta, ajoutant que la vie de sa cliente avec ce "monstre" se résume "à deux mots : l'enfer conjugal".
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