Comment te dire merci et comment penser une seule seconde que tu nous as quittés, le 12 novembre dernier.
Chaque jour, chaque minute, chaque seconde, tu seras là, à mes côtés, comme tu l’as toujours été.
Pas un seul moment, je ne pense pas à toi, à ce que tu aurais pu penser ou dire.
Tes remarques étaient saines, pleines de bon sens.
Quand elles m’étaient destinées, elles étaient faites pour que je m’oblige à me dépasser, elles étaient faites pour me pousser dans mes retranchements, pour que je devienne meilleur, juste et bon et que tu sois fière de moi comme moi-même j’étais fier d’être ton fils.
Comme chacun le sait, nous étions très liés, liés à la fusion.
Nous pensions toujours la même chose au même moment, sans même échanger le moindre regard.
Nous avons ri, beaucoup ri ensemble car le rire était pour moi la meilleure façon d’amoindrir les aléas et les malheurs de ta vie, et permettait de te faire penser à autre chose.
Avec papa, vous m’avez élevé dans le bonheur et votre séparation a été pour moi un choc suivi d’années très difficiles ponctuées d’événements parfois dramatiques.
De ces épreuves, nous nous en sommes toujours sortis, et, pendant 30 ans, j’ai essayé de maîtriser au mieux ton caractère et cette habitude probablement héritée de tes origines corses à régler tout de manière radicale.
A 26 ans, j’ai décidé de quitter l’appartement familial pour occuper mon propre logement, situé juste en dessous du tien , ton plancher étant commun avec mon plafond, ce lien d’étroite proximité n’était pas rompu et ne l’a été qu’en 2009 lorsque ton état de santé ne nous permettait plus de concevoir ton maintien à domicile.
Dès que j’ai travaillé, je me suis toujours efforcé de satisfaire tes envies et tes attentes, de t’emmener où tu voulais : Colombey les Deux Eglises, le Mont Saint Michel et Lourdes mais aussi la Bretagne, la Sologne, l’Auvergne, l’Alsace, la Vendée.
Tu aimais aller tous les ans à Centerparcs, retrouver la Normandie qui t’avait accueillie, et, pas aussi souvent que nous le voulions, nous prenions le chemin de la Corse avec Porticcio, où ton frère habite et bien sûr Ajaccio où nous allions chaque jour sur la tombe de ta maman et de Papa au cimetière Saint Antoine où toi-même, maintenant, tu vas bientôt les rejoindre.
Partout où j’ai pu, je t’emmenais, que ce soit dans mes déplacements, que ce soit ici localement dans toutes les manifestations. Je voulais toujours que tu sortes de chez toi, que tu vois du monde, que tu ais une vie sociale, que surtout tu ne sois pas confrontée à la solitude, à l’isolement, au repli sur soi très présent chez les personnes qui vieillissent, je ne voulais pas que tu te morfondes sur tes souffrances liées à la maladie.
La fusion était si importante que nous faisions tout ensemble et que nous avions les mêmes passions sans trop savoir qui de l’un ou de l’autre influençait le plus le deuxième.
J’avais 12 ans quand j’ai décidé de pousser la porte de la permanence de Claude Eymard Duvernay pour les municipales de 1983. Nous ne faisions pas de politique à la maison. Tu m’y avais accompagné et, depuis, tu as toujours été, dans mon parcours politique, présente à mes côtés.
Nous aimions le Général de Gaulle, nous avons milité vaille que vaille pour Jacques Chirac et bien sûr pour Yves Jégo pour qui tu avais une très grande affection.
Tu militais avec moi mais, je le sais, parce que moi-même je militais. Tu as été de toutes les campagnes, toujours prête à mettre sous pli, à distribuer ou même à m’accompagner pendant les collages d’affiches, « au cas où » … Je ne compte pas les centaines et centaines d’Entre nous …, le journal de l’amicale gaulliste, que tu as pliés et mis sous pli.
Pourtant tu n’aimais pas la politique que tu considérais comme « un panier de crabes» où il y avait, selon toi, trop de malfaisants, trop de maldisants, trop de malpensants.
Pour autant tu considérais qu’il fallait y aller et ne jamais rien concéder à l’adversaire.
Certains se souviendront d’une fameuse réunion publique salle Jean XXIII lors des municipales de 1995 où tu étais à deux doigts de passer à l’action « corse et radicale ».
Ensemble nous avons eu aussi beaucoup d’admiration pour sa Sainteté le Pape Jean Paul II. Son combat, identique au tien, contre la maladie et leurs souffrances inhérentes, cette foi en l’avenir et cette volonté de résister toujours et toujours nous subjuguaient.
Maman, sache que ta résistance et ton énergie incroyable me subjuguaient et forçaient le respect.
Pendant plus de 15 ans tu étais contente d’avoir ton passeport annuel à Disneyland Paris et ensemble, nous avons parcouru des kilomètres dans les deux parcs où tu passais toujours d’agréables moments et où nous avons, là aussi, beaucoup ri. Tu y étais heureuse surtout quand un personnage venait te saluer et te toucher.
Et puis nous avions cette passion commune pour le catch.
Je me souviens, tout petit, quand les galas étaient organisés à Montereau, par Georges Royo assisté par tout le club de lutte dont Papa. Je me souviens surtout que, à l’époque, le catch c’était pour les adultes, que je n’avais pas le droit d’y aller et que papa aurait parfois peut-être préféré que tu n’y
ailles pas non plus tant tu étais une spectatrice « participative ».
Alors que le catch n’avait plus de couverture médiatique, Canal Plus l’avait reprogrammé et tu avais décidé de nous y abonner en avril 1987 afin, uniquement, de regarder l’émission hebdomadaire cryptée où nous nous passionnions pour Hulk Hogan, que tu surnommais le viking, ou André le Géant.
Quand, de nouveau, nous avons eu du catch à Varennes, je me souviens du premier gala, mémorable, où tu y étais repartie très fière avec la chemise de l’arbitre, trophée que t’avait remis le catcheur malheureux décidant de se venger d’un arbitrage douteux et ce, après au moins une bonne dizaine de tentative de ta part de monter dans le ring pendant le combat !
Beaucoup à Montereau se souviennent aussi de ce mémorable gala en 2009, où à 80 ans, canne en l’air, tu as poursuivi pour la neutraliser une manageuse d’un catcheur qui intervenait trop à ton goût.
Cette vidéo est devenue un classique obligé pour tout jeune catcheur souhaitant faire carrière. Ces dernières années, à la maison de retraite, tu voulais encore que je te mette les émissions de Catch.
Maman, ce sont ces images que je veux garder de toi comme cette photo où tu poses, pour moi, avec le golfe d’Ajaccio. C’était en 2001, tu y es heureuse et épanouie.
Maman, tu étais une femme entière, une femme de caractère, une femme aimante, une femme enthousiaste, une femme passionnée, une femme passionnante.
Une femme qui ne pouvait laisser personne indifférent.
Maman, je suis fier d’être ton fils.
Tu as été pour moi un exemple, tu as été pour moi une lumière.
Maman, je veux simplement te dire : je t’aime.
Commentaires