Depuis plusieurs mois, toutes les administrations, préfectures et élus sont sur le pied de guerre pour préparer une réforme territoriale dont personne n'a réellement souhaité mais qui, surtout, s'organise en éloignant un maximum le peuple des décideurs.
Après l'épisode des régions, c'est maintenant le tour des intercommunalités dont beaucoup d'entre elles sont finalement très récentes et commençaient enfin à travailler avec une vision intercommunale qui ne consiste pas qu'à l'addition des visions communales.
Les SIVU, syndicat intercommunal à vocation unique, sont apparemment passés de mode alors que leur gestion autour de projets et de gestion de service public était guidé par le consensus et une gestion technique des dossiers, l'Etat préfère de grandes intercommunalités où politique politicienne et rivalités locales perturbent de manière plus ou moins visibles le fonctionnement.
Aux communes comme aux intercommunalités, place maintenant aux réunions et aux fusions.
Mais quels sont les buts recherchés ?
Alors que la France est durement touchée par le chômage, une fois de plus, on discute des institutions, des gouvernances des collectivités entre elles ou en interne, au lieu de s'intéresser à moderniser notre pays en améliorant la compétitivité et les infrastructures.
On nous affirme que moins de collectivités créera des économies d'échelle alors que même Jean-Marc Ayrault a avoué récemment qu'il n'en sera rien.
Au final, nous aurons des élus encore plus éloignés du terrain, laissant à une administration le soin de combler l'absence des élus locaux par des administrations de proximité : toujours plus de fonctionnaires, de voitures de fonction...
Il est clair que la campagne n'en sortira pas grandi et que la ruralité va souffrir, c'est bien les villes qui seront favorisées.
Une fois que ces nouvelles entités prendront forme, que les gouvernances trouvent consensus, ce seront ensuite les longues discussions des arbitrages politiques sur les nouvelles compétences qui prendront le temps et l'énergie de chacun, avec comme fil rouge les finances de l’État qui deviennent pour le moins aléatoires.
Pourquoi tant d'énergie mobilisée finalement pour éloigner les élus du peuple et réciproquement ?
Car ce qui est stupéfiant, c'est que tout cela se passe dans le dos des citoyens qui, de manière peut-être moins philosophique, s'intéressent plus modestement à l'emploi et au chômage qui les touchent ou frappent leurs enfants, à l'état des routes, au bon fonctionnement des services publics qui ne cessent de fermer, ici des tribunaux, là des services hospitaliers, des classes voire des écoles...
D'ailleurs qui a reçu le mandat du peuple pour de telles réformes qui nous tombent dessus sans explication.
La semaine dernière, nous étions réunis en amicale des maires en présence des élus départementaux, régionaux, députée et sénateurs ainsi que les services de l'état.
- Sur la question des gens du voyage, pas beaucoup de solutions nouvelles mais une réelle compassion aux soucis qui peuvent parfois les accompagner lors de leurs installations...
- Sur la désertification médicale, l'empathie était réelle mais concrètement aucune solution nouvelle pouvant susciter l'espoir...
- Sur les chenilles processionnaires, l’État refuse de les considérer comme un problème de santé publique alors que toutes les personnes présentes soulignaient leur nocivité grandissante sur la santé de leurs concitoyens...
- Sur les transports, j'ai rappeler à la conseillère régionale présente que la gouvernance du STIF était identique à celle d'une administration soviétique et que faire confiance aux acteurs de terrain faisait gagner du temps et était in fine plus efficace...
Cette réforme territoriale est l'exemple le plus criant de la déconnexion du peuple et de ceux que l'on range dans l'élite du pays.
Les français ne demandent en rien de voir leur commune supprimée ou d'avoir de grandes intercommunalités nébuleuses, des régions redessinées sans même prendre en compte l'évolution des bassins de vie, ils veulent des réponses concrètes à des problèmes concrets.
Mais là, c'est une autre histoire...
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