Comme beaucoup de compatriotes, c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai appris aujourd'hui la disparition de Jacques Chirac.
Parmi ceux qui m'ont fortement inspiré dans ma jeunesse à m'engager en politique, à militer pour des idées sociales et humanistes, pour l'action publique, pour bâtir une société meilleure et humaniste, Claude Eymard-Duvernay au niveau local, dès 1983 en poussant la porte de sa permanence électorale, et Jacques Chirac au niveau national étaient les références.
Jacques Chirac respirait la France, en toute circonstance on sentait l'humilité, la nécessaire dose d'humour pour supporter les moments difficiles, les trahisons, l'impérieuse auto-critique, cette force et cette détermination qui doit vous emparer dans tous combats.
Militer pour Jacques Chirac, c'était militer pour un homme qui avait une classe autant vestimentaire que dans les manières, tout en gardant cette simplicité qui le rendait sympathique et proche. Impeccablement, il représentait la France.
L'homme était accessible pour les quelques fois que j'ai pu le rencontrer, notamment ce grand rassemblement à Colombey les deux églises où je faisais parti des jeunes RPR mobilisés pour le service d'organisation et où je me suis retrouvé fortuitement à une table où il s'était installé un petit quart d'heure...
Bien sûr est arrivée la campagne 1995, ces déchirures et ces moments que la politique suscite... A 1000 %, jeune délégué cantonal du RPR, je me suis engagé avec Jacques Chirac, subissant les quolibets de ceux dont on pensait qu'ils étaient des compagnons mais ne regardaient que leur carrière et l'éventuelle victoire de Balladur tant portée par les sondages...
Mis au fond du trou, abandonné par les arrivistes, Jacques Chirac avait indéfectiblement le soutien de la base, parce qu'il était le chef choisi, parce qu'il avait réussi à nous enthousiasmer, à puiser en nous cette énergie folle de vaincre face au mépris, à la moquerie et l'adversité. Jour après jour, sondage après sondage, les militants ont fait bloc et ont donné le meilleur d'eux-même parce que Jacques Chirac portait cette noble ambition de lutter contre la fracture sociale, qu'il avait à coeur de réunir la France des campagnes et la France des villes, qu'il savait que la France c'est comme les couches d'un arbre mais surtout que la France est une et indivisible et que son histoire engage les contemporains pour l'histoire qu'ils écrivent et la France qu'ils laisseront aux générations futures.
Jacques Chirac, c'est aussi le refus catégorique de toute complicité avec les extrémismes, le refus de voir la France rabaissée au rang de chien-chien d'un autre état, Etats-Unis compris... C'est aussi la volonté de ne pas diviser le peuple, d'avancer avec cette caractéristique que les Français veulent tout et leur contraire parce qu'ils veulent le meilleur pour tout et pour tous en toutes circonstances.
Jacques Chirac, c'était aussi un Grand Maire de Paris, un Secrétaire d'Etat qui a créé l'Agence Nationale Pour l'Emploi, qui fut mon employeur deux décennies, l'homme qui a mis fin aux chimères de service national intégrateur et a lancé la professionnalisation de l'armée, tout en mettant fin aux essais nucléaires, l'homme qui a reconnu les errements de l'Etat français dans une de ses périodes troubles. C'est celui qui s'est souvent impliqué dans la prise en compte de l' handicap dans la société...
Même si les quelques informations sur son état de santé ne pouvait laisser de doutes planer, et que la vie se finit toujours de la même manière, sa disparition m'attriste énormément : pas uniquement pour tous ces formidables souvenirs qu'il nous a permis de créer dans notre engagement politique, il était aussi l'incarnation d'une France écoutée et respectée et que quelque part, il était le moteur de notre engagement...
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